TESTING THE WATERS

Il y a quelques années, News of the World, espace d’art expérimental situé dans le sud de Londres, accueillait une exposition intitulée « Serial Attempts ». Le projet se définissait comme une recherche curatoriale consistant en un assemblage évolutif d’éléments visuels, textuels et sonores, ainsi que de concepts, d’études et de travaux en cours. Il s’agissait également d’explorer l’espace qui existe entre l’intention de l’artiste et l’œuvre finie, en donnant notamment à voir des fragments de processus créatifs. Ce titre s’inspirait du livre de l’historien de l’art allemand Professeur Hans Belting, Le chef-d’oeuve invisible (1998) dans lequel il évoque la notion d’aspirations irréalisables dans l’art. C’est cette même idée de fossé entre l’intention et le projet réalisé qui a guidé l’approche curatoriale de la 4ème Biennale internationale de Casablanca.
Ce projet n’est pas pensé avec pour seul objectif les expositions présentées à Casablanca. Il s’inscrit dans une vision plus étendue, prenant en compte la multitude de ramifications entrant en jeu dans la réalisation d’un tel événement. L’édition 2018 n’est pas un résultat final. C’est un point de départ, une pierre de touche permettant de jauger puis façonner et affiner une démarche beaucoup plus vaste.

Trois ou quatre ans se sont écoulés depuis le début de la conversation à partir de laquelle a été envisagée la possibilité de prendre la tête de la biennale. Alors que se posait un certain nombre de questions structurelles, un thème a émergé progressivement, sous forme d’une constellation d’idées.La première inspiration du thème de cette année est directement liée à la raison d’être de la biennale : Ifitry, la résidence d’artistes créée par le photographe marocain Mostapha Romli en 2008, dont la biennale est le pendant monstratif. Situé dans un cadre isolé de la région d’Essaouira, sur la côte ouest marocaine, face à l’océan Atlantique, Ifitry est un lieu qui prête autant à l’imagination du visiteur qu’il le rapproche de la réalité et de la violence de l’océan. L’immensité de l’océan, avec ses vagues déferlant et se brisant sans cesse contre les rochers, est à l’égale de son importance dans l’histoire du continent et du monde. D’un point de vue africain, il est difficile de ne pas penser aux nombreux récits, passés et présents, ancrés dans cet élément amorphe et intemporel. Le drame des voyages transatlantiques qui ont eu lieu entre les 16ème et 19ème siècles a fait place aux non moins tragiques traversées de la Méditerranée sur la côte nord du Maroc. À cet égard, l’esclavage et les migrations sont des sujets historiques et contemporains qu’il est pertinent d’aborder au Maroc.

La relation entre les eaux et le territoire, ou les eaux comme frontières naturelles, a également suscité un fort intérêt pour les îles. […].

Lire le reste de l’essai sur le site de la Biennale Internationale de Casablanca.

Image: Face à l’océan Atlantique, Ifitry, 2017.

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